Les manifestations massives et « spontanées » pour certaines, que l’on enregistre, suite aux massacres de l’armée israélienne, dans l’enclave de Gaza, a mis au grand jour, le gap politique immense entre les populations et les pouvoirs de la région. En effet, les pays qui ont « normalisés » leurs relations avec Israël, dans le cadre des accords d’Abraham (l’Egypte, la Jordanie, les EAU, le Maroc, Bahreïn …) sont face à un dilemme explosif qui se résume par le refus de leur peuple, vis-à-vis de la politique de normalisation de leurs dirigeants ! La ligne de fracture est aujourd’hui très nette dans tous ces pays arabes, sans exclusive et démontre si besoin qu’il existe bel et bien une opinion publique dans ces pays qui se manifeste lorsque des causes sensibles voire sacrées sont en jeu. Cette situation explosive va donc imposer une relecture de leurs positions voire un gel de la normalisation. Pour les pays qui refusent la normalisation (Algérie, Tunisie Arabie Saoudite…) sans contrepartie (la création d’un état palestinien dans les frontières de 1967), cette crise va souder leur « front intérieur » et renforcer leur cohésion interne, ainsi que la justesse de leur position vis-à-vis des puissances occidentales. Certes, la solution à deux états a été la ligne de crête de la diplomatie américaine renouvelée dernièrement par le secrétaire d’État A. Blinker mais sans pression suffisante pour la faire aboutir. Par calcul politicien, le gouvernement extrémiste israélien de B. Netanyahou a encouragé et financé durant des années, via le Qatar, la création et le développement du Hamas, pour affaiblir le Fatah et enterrer définitivement la solution à deux états, poussé en cela par les colons israéliens qui n’ont cessé d’élargir la colonisation et « grignoter » Jérusalem. Bloqué par l’élection d’un « speaker » conservateur, J. Biden n’aura pas de sitôt les crédits qu’il demande (quelque 100 milliards d’US$) pour venir en aide à Israël, à l’Ukraine, au confinement de la Chine et à rendre hermétique la frontière avec le Mexique. A quelques mois des présidentielles américaines, J. Biden sait que le lobby juif est incontournable pour sa réélection et il tentera de négocier une enveloppe substantielle pour Israël, au détriment des ukrainiens qui sentent déjà le vent tourner. C’est tout bénéfice pour V. Poutine, qui, à partir de la Chine, l’invite à venir « manger des crêpes » en … Russie ! La mondialisation de ce conflit régional, ne cesse de se développer, chacun protégeant ses intérêts mesquins, mais tous en jouant avec le sang palestinien.